Après la session 1 en avril, consacrée au partage du constat sur le dépassement des limites planétaires, la session 2 en juin avait permis de lancer l'exploration individuelle et collective des façons concrètes de revenir dans le « donut » d’une économie respectueuse du système Terre comme des besoins humains.
Ainsi, la raison des entreprises commence à être repensée, la rédaction des feuilles de route est bien entamée, de nouveaux modèles économiques à visée régénérative et systémique se dessinent…
A mi parcours, la session 3 s’attache à ce que ces nouveaux modèles intègrent la dimension du vivant comme composante incontournable et systémique des organisations.
Emmanuel Druon, PDG de Pocheco, a pris la parole pour partager son concept d’“écolonomie”, né de son expérience depuis 1997. Sa démarche est simple : rendre son entreprise plus écologique tout en réduisant les coûts.
« Il est plus économique de travailler de façon écologique ! », affirme-t-il. En substituant des produits toxiques par des alternatives naturelles, en utilisant des matériaux recyclés, et en créant un corridor de biodiversité sur son site, Pocheco a réussi à transformer les contraintes écologiques en avantage compétitif.
Emmanuel Druon explique que ce changement de cap a permis de réduire les coûts globaux, mais surtout de préserver la santé de ses employés et de l'environnement.
(c) Morgan Marzin
Après la présentation d’Emmanel Druon, les participants se sont réunis en extérieur pour un premier camp de base. Ce temps de réflexion a permis à chacun d’identifier son propre lien au vivant, qu'il s'agisse de l'impact de son entreprise ou de son attachement personnel. La fresque murale “Le vivant qui relie”, conçue en collaboration, est venue immortaliser ce moment, avec des contributions visuelles et personnelles autour des liens identifiés avec la nature.
Marc-André Selosse, scientifique du Museum national d’Histoire Naturelle et spécialiste de la biodiversité, a captivé l’audience avec des exemples concrets du lien entre biodiversité et santé humaine. « La biodiversité, c’est nous ! » a-t-il lancé, expliquant qu’en perturbant les écosystèmes, on fragilise nos propres conditions de vie. L’exemple du microbiote humain est révélateur : en perdant en diversité, il devient plus vulnérable, ouvrant la porte aux “maladies de la modernité” comme l'asthme ou le diabète de type 1. Selosse a plaidé pour une agriculture plus diversifiée, où la rotation des cultures et la présence de haies peuvent non seulement accroître les rendements, mais aussi diminuer le besoin en pesticides.
Emmanuel Delannoy a rappelé l'importance pour les entreprises de reconnaître la nature comme un fournisseur irremplaçable. « La nature est un fournisseur qui n’envoie pas de facture », souligne-t-il. Il a invité les participants à identifier leurs dépendances envers la biodiversité, un travail indispensable pour s’assurer de la résilience de leurs processus de production. E. Delannoy conclut que la biodiversité apporte une réelle valeur ajoutée pour l’entreprise, en offrant des ressources, en renforçant l’intégration territoriale et en favorisant la fidélité des parties prenantes.
Au cours de ce deuxième camp de base, les participants ont approfondi leur analyse en examinant les impacts et les dépendances de leurs entreprises sur la biodiversité, tout au long de leur chaîne de valeur. Certains ont découvert des interdépendances insoupçonnées, qui les ont poussés à envisager de nouvelles façons de collaborer avec leurs parties prenantes pour protéger les écosystèmes.